Il y a un peu plus d’un mois, j’ai publié un long billet montrant que, contrairement à ce que tout le monde aime croire, les abstentionnistes ont les mêmes opinions politiques que les votants et, en conséquence, le niveau de participation n’influence pas significativement le résultat des élections. C’était le jour des élections européennes, et j’étais loin de me douter que le président de la république allait me fournir une preuve supplémentaire en convoquant immédiatement des élections législatives. En effet, la percée notable de l’opposition d’extrême droite a immédiatement engendré une forte « excitation » du corps électoral, du personnel politique et des médias, ce qui garantissait que le match retour se jouerait sur un taux de participation beaucoup plus élevé que le match aller. Quelle belle occasion de comparer la part de marché électoral des principaux partis ou coalitions, presque au même moment, avec deux taux d’abstention complètement différents !
Voici les résultats :
Entre le premier scrutin et le second, l’abstention a diminué de 15 points, soit 31% ! L’extrême droite a gagné 2 %, c’est-à-dire pas grand-chose ; la coalition d’extrême gauche 1%, autant dire rien ; la droite extrêmement coincée par ses propres divisions n’a perdu que 9% malgré sa grande confusion ; seul l’extrême centre a fait un bon de 59%, ce qui suppose que ses électeurs ont soit voté pour d’autres propositions aux européennes (très probablement), soit sont fortement eurosceptiques et abstentionnistes (ce qui est sociologiquement invraisemblable).
L’extrême stabilité des résultats de la plupart des partis en lice confirme, à nouveau, que le processus électoral est une mesure robuste de l’opinion des électeurs à un moment donné de l’histoire, indépendamment des variations spectaculaires du taux de participation, voire du type d’élection. Bien sûr, ça n’empêchera pas la plupart des gens de continuer à croire irrationnellement le contraire. Surtout à gauche, dont les militants semblent ne même pas réaliser qu’ils ont bel et bien perdu ces élections — deux fois de suite.
