L’Effrontée du mois de février 2022 : Olympia

Olympia, comment avez-vous vécu les évènements de ces derniers jours ?

J’ai été réveillée par une explosion. Il y en avait partout : sur Twitter, sur Instagram, sur TikTok. Des centaines de notifications. Ça m’a pris jusqu’à midi pour les lire. J’ai tout de suite commencé à faire ma valise. Je ne savais pas quoi prendre, la charge mentale était trop grande. Pire, je ne savais pas quoi laisser. Et si je ne revenais jamais ? Et si les Russes nous violaient ?

C’est-à-dire ?

S’ils nous envahissent, voyez-vous, c’est comme un viol. Ils sont obsédés par cela : l’envie de pénétrer des pays, comme ça, sans consentement. Et même sans préliminaires. Ils ont cette agressivité, cette masculinité toxique. C’est ça qui les rend dangereux, je le sais. Je le sens. Il faut que vous les arrêtiez !

Moi ?

Vous, les hommes. Je ne comprends pas pourquoi vous restez là, à parler… là… à parler… Mais AGISSEZ ! Si l’Ukraine tombe, et puis la Pologne et la Moldavie, Andorre et Monaco… Ce sera notre tour. Qu’allons nous devenir, moi et mes ami.e.s de la communauté LGBTQIA+ ? Vous savez comment sont les Russes avec les femmes — Ah, les pauvres Russ.e.s… Persécutées depuis des siècles par le patriarcat orthodoxe russe.

Comment avez-vous fui ?

Et bien, vers 20h ma valise était prête, mais il était trop tard pour prendre un billet de train. Toutes les places en promo étaient déjà vendues, forcément. J’ai dû attendre le lendemain en angoissant dans mon appartement. Il m’a fallu cinq mojitos pour trouver le sommeil. Bref, le lendemain, je pars pour la Gare de Lyon, un peu en retard, et je manque de rater le train à cause de la RATP (la CGT, ils sont toujours aux ordres de Moscou, c’est évident). Enfin, j’ai tout de même pu rejoindre mes amies Zofia et Svetlana, après un long et horrible voyage avec beaucoup trop de correspondances.

Vous êtes partie en Ukraine ?

Mais pas du tout ! À Saint-Paul de Vence. Le beau-père de Svetlana a une villa. Nous sommes des privilégiées. Certaines ont été obligées de se réfugier du côté de Perpignan. Mais nous n’avons pas de chauffage. Le gardien doit passer nous montrer comment on l’allume.

Quel message souhaitez-vous adresser aux Ukrainiens ?

Nous vous aimons ! Nous comptons sur vous pour retenir les hordes virilistes russes assoiffées de violence et de sexualité pénétrative réactionnaire. Nous nous battrons pour accueillir toutes les Ukrainiennes pendant que vous vous battez contre l’envahisseur. Tenez-bon, et surtout empêchez-les de prendre Tchernobyl ! Promis, juré, L’Europe vous enverra des éoliennes.

Olympia, par Édouard Manet
Olympia, par Édouard Manet, 1863

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