French OG est un Français vivant en Grande-Bretagne. Ses comptes rendus de terrain sont habituellement d’excellentes leçons de séduction tranquille et ludique. Celui-ci est davantage une observation de la morosité du marché sexuel pour les femmes une fois passées leurs « années de fête ». — TB
Je rentrais chez moi et j’avais décidé de faire un saut dans l’un de mes bars habituels, car j’avais vu l’un des videurs que je voulais saluer. J’ai dit « Salut ! » à l’autre videur, et au personnel du bar qui me connaissait. J’ai rattrapé le premier videur et je l’ai salué. Il a fini par me dire qu’une femme n’arrêtait pas de me regarder. Je me suis retourné, elle a détourné le regard. Ce n’était pas une beauté (4/10 à cause de sa corpulence, 6 au maximum), et elle avait un air de désespoir. J’ai rassemblé toute mon énergie de chasseur d’ambulances et suis allé lui parler. Il se trouve qu’elle venait de quitter une soirée rencontres…
« Laisse-moi deviner : l’application du jeudi, la fête de la saucisse et peu de talent ?
— Oui, mais au moins je me suis fait une copine. »
Elle avait un verre de vin à moitié vide. Elle avait l’air pétée.
Outre le fait qu’elle portait une longue robe noire et des baskets blanches, on pouvait voir ses bras grassouillets. Ce ne serait pas un jeudi tranquille, mais j’ai pensé qu’il serait intéressant d’entendre l’histoire de sa vie.
34 ans. Assistante de direction (« Un travail bien mais pas si bien que ça, mon patron est génial mais parfois nous nous disputons et il peut être un vrai connard. »). Sa dernière relation, dont elle a fini par admettre qu’il s’agissait d’une « situation », datait d’avant le COVID.
« Pourquoi était-ce une relation de “situation” ?
— Il m’aimait plus que je ne l’aimais, alors j’ai fini par rompre lorsque le confinement est entré en vigueur. Nous sommes en bons termes encore. Il est maintenant marié et a des enfants, je suis contente pour lui. »
Elle m’a rapidement informé qu’elle était propriétaire de sa propre maison et qu’elle vivait avec sa seconde sœur (célibataire elle aussi). Sa sœur aînée est mariée et vit à quelques maisons d’elle, et la seule chose qu’elle avait à dire à ce sujet était que ses neveux, faux jumeaux de 4 ans, bandaient. Elle trouvait cela inapproprié.
« Il semble que tu as un truc contre le déclenchement des érections. »
Elle n’a pas compris la plaisanterie ou l’a ignorée. À mon avis, elle était trop pétée pour comprendre. Elle a continué en disant :
« Tous les mecs sont des salauds et des connards.
— Comment ça ?
— Ils ne font aucun effort. Ils disent qu’ils vont te faire sortir, et puis ils se défilent, ou ils changent tes plans pour revenir directement aux leurs.
— Est-ce que ça a empiré depuis le COVID ?
— Oui.
— Alors, quand as-tu eu ta dernière vraie relation ? »
Elle est devenue toute penaude et a admis que c’était quand elle avait 18 ans et que ça avait duré deux ans, mais elle avait rompu parce que le gars était apparemment malade mentalement.
« Est-il dans une institution ?
— Non, il est marié et a des enfants. »
Puis elle a commencé à retrouver ses esprits.
« T’es très curieux, qu’est-ce que tu veux de moi ?
— J’étais curieux de savoir ce que tu avais. Si tu ne voulais pas que je sois près de toi, tu n’avais qu’à pas me mettre si mal à l’aise en me regardant.
— Mais tu me parles comme si on se connaissait.
— C’est ce qu’on appelle apprendre à connaître quelqu’un, sauf si tu préfères les attardés sociaux qui ont besoin d’une présélection numérique parce qu’ils n’ont pas les couilles d’aller t’aborder.
— C’est comme ça que je rencontre les gens.
— On rencontre ce que l’on est. »
Le bar fermait, nous avons fini par être mis à la porte.
« Tout est fermé, dit-elle.
— On peut rentrer chez toi ou chez moi.
— Je ne vis pas seule.
— Je vis seul.
— Alors tu veux juste baiser.
— Non, en fait, je veux en savoir plus sur ton histoire. (Je n’avais vraiment pas envie de la baiser.) Quand as-tu fait l’amour pour la dernière fois ?
— Il y a deux jours, mais quelle importance ?
— Avec qui ?
— Quelqu’un qui veut du sexe sans attaches.
— Ce n’est pas mon truc, du moins pas maintenant. »
Je voyais bien qu’elle hésitait et elle a décidé de demander :
« Tu ne prends pas mon numéro ?
— Je ne profite pas des filles ivres. »
Elle a compris que je n’allais pas prendre son numéro, a senti l’agacement, et elle a finalement décidé de rentrer chez elle.
Leçons
- J’ai entendu cela assez souvent ces derniers temps : le dernier vrai petit ami, c’était au lycée ou à l’université. Dès qu’elles en sortent, cela déraille complètement l’appariement normal au sein de la relation. Les emplois et les vacances prennent le dessus. Les expériences remplacent les produits. En un rien de temps, dix ans se sont écoulés, quelques « situations » ici et là, et elles jouent contre la montre.
- Elle a fini par trouver un substitut de mari qui est son patron et par lequel elle est rémunérée. Mais ce mari ne lui apporte pas l’amour et l’affection dont elle a besoin.
- Le vernis à ongles qu’elle avait mis pour la soirée de rencontres était en mauvais état… Une main n’en avait pas, l’autre en avait mais il était écaillé.
- Elle a du kilométrage au compteur. L’indice flagrant fut le moment où elle a envisagé mon offre, pour finalement la refuser et demander mon numéro. Cela, associé à ses commentaires négatifs sur les hommes.
- Elle est condamnée à aller à des rencontres, sans grand espoir. Elle a peu ou pas de compétences sociales et considère l’approche de la vie réelle comme quelque chose de bizarre, accumulant les expériences négatives et se décourageant elle-même.
- Elle a maintenant son futur logement de vieille fille avec sa sœur. De plus en plus de femmes vivront dans une sorte de ménage communautaire avec d’autres femmes célibataires. Heureusement pour elle qui est très « orientée famille », ce sera avec sa sœur.
- Elle a fini par donner une impression d’alcoolisme, seule à 23h30 au bar, cherchant désespérément de l’attention et une rencontre tardive, tout en se mentant à elle-même et en ne montrant que mieux son insatisfaction à l’égard de sa vie.