— Bonjour Monsieur Diogène… Je ne vous dérange pas au mauvais moment ?
— Ôte-toi de mon soleil.
— Pardon Monsieur Diogène, mais ce n’est pas moi qui vous fait de l’ombre, c’est la rampe de l’escalier. Je suis Thaïs.
— Inconnue au bataillon… Ah si ! La blondasse du Rassemblement Paphlagonien ? Elle veut quoi la pépète ?
— Maître, accordez-moi je vous prie un peu de votre temps et de votre sagesse.
— Il n’y a qu’un doigt de différence entre un sage et un imbécile.
— Les femmes modernes surestiment leur valeur et ce qu’elles méritent réellement. Plutôt que de se confronter à la réalité de ce qui est optimal pour elles et trouver ainsi un bonheur atteignable, la plupart préfèrent rester cramponnées à leurs rêves et leurs illusions, jusqu’à y sacrifier leur vie sentimentale. Voilà pourquoi elles ne se marient pas, divorcent, trompent ou préfèrent rester seules.
— Grand bien leur fasse. Les jeunes hommes ne doivent pas encore se marier, et les vieillards ne doivent jamais se marier.
— Le devoir conjugal d’un homme n’est-il pas de protéger sa famille et son épouse de tous les dangers ? Le devoir conjugal d’une femme n’est-il pas de respecter son mari, de lui offrir sa pureté et sa beauté et élever des enfants sains ?
— Pour quoi faire ? Nous venons au monde seuls et nous mourons seuls. Pourquoi, dans la vie, devrions-nous être moins seuls ?
— Vous êtes cynique !
— Ben oui ! (mort de rire) Les chiens et les philosophes font le plus grand bien et obtiennent le moins de récompenses.
— Si vous êtes indifférent au dessein, soyez au moins bon conseiller quant à la méthode. Sûrement, vous serez d’accord avec moi : Avant de s’engager sérieusement avec une femme, un homme devrait avoir connu trois à cinq jeunes filles d’abord, pour poser un choix éclairé. S’engager avec la première venue, c’est prendre le risque de faire exploser son couple dans les quinze ans à venir.
— Bof… Quant on est jeune, il est trop tôt ; quant on est vieux, il est trop tard.Et puis, bah… pour connaître trois à cinq jeunes filles, ce n’est pas difficile : il suffit d’aller au lupanar, ou d’acheter une pórnai.
— Monsieur Diogène ! Vous ne pouvez pas prétendre être un homme traditionnel et être accroc à la pornographie. Avant de critiquer les femmes qui se prostituent sous les péristyles, arrêtez de consommer leurs services. Sinon, vous êtes un hypocrite.
— Oh ! Mais elle me les piétine menues, l’hétaïre à particule !
— Moi, une hétaïre ? Je n’ai posé et ne poserai jamais en strophion, à moitié dénudée, ou en perizôma, car je suis la future épouse d’un homme. À côté de cela, la validation d’inconnus sur l’agora est insignifiante. Voilà comment devrait raisonner n’importe quelle femme qui se respecte.
— À propos, tu n’as pas mis de perizôma sous ta robe aujourd’hui… On voit tout en transparence. Le soleil brille à travers et n’en est en rien pollué.
— Mais… mais… Respectez-vous Diogène, un peu de dignité !
— JE M’EN BRANLE !
Il exhibe son phallus, elle pousse un cri et s’enfuit. Tout en se secouant le bidule, il soupire :
— Si seulement, en se frottant de même le ventre, on pouvait aussi calmer sa faim !
Illustration : Diogène, par John William Waterhouse, 1882
« Ben oui ! (mort de rire) »
Excellente publication !