— Et là, je lui ai dit : « Maurice, j’aimerais un homme qui soit capable de se remettre en question, pas un homme travaillant pour gagner de l’argent, pour des choses comme ça. J’aimerais un homme, en fait… Je ne sais pas… Un être qui me serait complémentaire. »
— T’es trop forte Suzie ! Et qu’est-ce qu’il t’a dit ?
— Il est parti bouder dans son atelier. Il ne comprendra jamais rien, le nigaud. Et toi Aline ? Comment tu fais avec le tiens ?
— Oh, rien de compliqué ! Je lui ai dit que des vacances entre copines me soulageraient peut-être de mes migraines récurrentes. Il était tout frétillant et a porté ma valise jusqu’au train. C’est sûr que ne pas le voir me met en joie, mais l’idée de le retrouver dans le lit au retour me fait déjà mal à la tête ou ailleurs.
— Ah, vous avez de la chance toutes les deux ! Moi, je dois travailler à la filature où il n’y a que des filles et un vieux contremaître obsédé par la Bible. Je n’ai toujours pas de mari.
— Ne t’inquiète pas, chérie. Ce soir nous irons au musette. Il y aura des hommes et il y aura des nigauds. Tu pourras trouver et l’amusement, et le confort. Il suffit qu’ils ne se rencontrent pas.