Les Effrontées du mois de septembre 2024 : Cecilia et Peppina

— Cecilia, tu penses à racheter de la crème solaire ?

— Oui, j’y pense.

— Tu ne l’as pas fait hier.

— Il n’y en avait plus à la supérette. C’est la fin de la saison.

— Ben et la pharmacie, alors ?

— Je n’y ai pas pensé…

— Évidemment !

— Peppina, as-tu vu les statistiques des séparations chez les couples homosexuels ?

— Il n’y a rien à en dire, à moins d’une étude approfondie sur les raisons sociologiques. Pourquoi tu en parles ?

— Pour rien. Enfin… Les gays sont si fidèles…

— Y a-t-il autant d’hommes, parmi les homosexuels qui se marient, que de femmes ?

— Je ne sais pas. Je crois que les séparations sont exprimées en pourcentage…

— Dans les mariages hétéro, les femmes sont-elles autant indépendantes que dans les mariages lesbiens ?

— Sans doute que non.

— Bien sûr que non. Que veulent-ils faire dire aux statistiques ?

— Je ne sais pas… C’est étonnant. Parfois j’aimerais être dans un couple d’hommes.

— Tu n’es pas sérieuse ! Partager l’interprétation misogyne de je-ne-sais-qui à partir de statistiques qui, une fois de plus, peuvent vouloir dire toute sorte de choses… Déjà, on ignore si les couples homosexuels masculins se marient autant que les lesbiens.

— C’est en pourcentage…

— PENSES à reprendre de la crème solaire ce soir, Cecilia.

— J’y pense.

— Il existe certainement de nombreuses raisons qui amènent à ces statistiques. Tant qu’aucune étude approfondie n’est menée, il n’est pas possible d’avoir une opinion définitive. Déjà, les couples masculins se marient à un âge plus avancé que les féminins. Ayant une relation plus ancienne que celle des jeunes femmes, elle est donc plus solide. Un exemple parmi d’autres de tous les éléments pouvant expliquer cela.

— L’âge moyen de mariage, pour les lesbiennes, n’est que deux ans et quelques de moins que pour les gays. Cela ne me semble pas une grande différence d’âge.

— C’est drôle cette obstination que tu as à me présenter, non pas des données, telles qu’elles sont, avec la lecture qu’en font des chercheuses connues, venant d’universités soutenant la cause LGBT, mais des petites critiques d’inconnus frustrés et misogynes !

— Il paraît… Je ne dis pas que c’est vrai, mais certains disent… que la misogynie serait un peu un mythe.

— Ah ouais ? Un mythe carrément ? T’es une merde, Cecilia.

— Peppina !

— Tu as pensé à racheter du concombre pour ce soir ? TU Y AS PENSÉ ?

— Peppina… Je ne peux plus. Je voudrais… qu’on se sépare. Je…

— Il manque aussi des cahouètes.

— J’ai pensé à tes cacahuètes.

— M’en fiche, plus envie.

— Moi non plus.

Illustration : Sunbathers, par William Russel Flint, XXe siècle

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