Voici la traduction d’un article publié sur le site The Stark Naked Brief et intitulé « Netflix’s Adolescence—The Unadulterated Truth (After All the Hysteria) ». — TB
Lorsque la série Adolescence a démarré sur Netflix, le 13 mars 2025, elle ne s’est pas contentée d’être tendance — elle a explosé ! La mini-série fictive suit un écolier blanc de 13 ans, un « incel » [NdT : originellement un « célibataire involontaire »] qui, alimenté par la misogynie en ligne et la haine de soi, assassine une camarade de classe. Les mécanismes à l’origine de sa descente ? Un cocktail d’Andrew Tate, de théorie pilule rouge « 80/20 » [NdT : le principe de Pareto appliqué au marché sexuel] et de narcissisme.
La presse grand public était euphorique. La BBC qualifiait la série de « sans défaut » dans ses titres. Le Sunday Times l’a qualifiée de « perfection totale ». Le Guardian a déclaré que c’était « la chose la plus proche de la perfection télévisuelle depuis des décennies ». Puis il s’est passé quelque chose d’étrange. Les créateurs de la série, Stephen Graham et Jack Thorne, sont soudain apparus partout.
D’abord dans l’émission This Morning [NdT : sur la chaîne britannique ITV] le lendemain de la diffusion. Puis, cinq jours plus tard, le 18 mars, sur la BBC. Dans les semaines suivantes, Graham est arrivé sur CNN et dans l’émission The Tonight Show [NdT : sur NBC, également une chaîne américaine]. Même lorsqu’ils n’étaient pas présents en personne, les journaux télévisés britanniques et les émissions matinales ont consacré des segments entiers à l’émission, à la menace des « adolescents incels, » à la « misogynie toxique » et à la nécessité d’une « intervention urgente ». Pour l’observateur le plus sceptique, tout cela semblait plutôt… coordonné.
Et les producteurs avaient un message. Le même jour, le 18 mars, ils ont demandé que la mini-série Adolescence soit projetée au Parlement et dans toutes les écoles de Grande-Bretagne — ajoutant, assez curieusement, qu’il fallait « réprimer les médias sociaux ». Le lendemain, la députée travailliste Anneliese Midgley a soulevé le sujet lors des questions au Premier ministre et a demandé si le gouvernement soutiendrait les projection dans les écoles à l’échelle nationale.
Keir Starmer a répondu par l’affirmative, en évoquant les groupes de travail déjà mis en place pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, la misogynie toxique, l’incelitude, etc. Mais quelque chose dans sa réponse a choqué. Il a qualifié Adolescence de « documentaire ou de drame ». Pas une fois mais deux fois — répétant la même phrase quelques semaines plus tard lors d’une table ronde au 10 Downing Street où il avait invité les créateurs de l’émission. Cette phrase a suscité l’indignation de l’opinion publique. Il ne s’agit pas d’un documentaire. Alors pourquoi Starmer l’a-t-il qualifié de documentaire ?
N’oublions pas qu’un mois seulement après l’arrivée au pouvoir des travaillistes, en juillet 2024, leur Ministre de l’intérieur, Yvette Cooper, a ordonné une révision de la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des jeunes filles en utilisant les mêmes stratégies que celles développées pour combattre l’extrémisme de droite et l’extrémisme islamiste.
Mme Cooper a déclaré qu’un nombre croissant de jeunes étaient radicalisés en ligne par des influenceurs misogynes, et que le problème n’avait pas été abordé pendant « trop longtemps ». Toutefois, les critiques ont fait valoir que le gouvernement devrait appliquer la législation existante pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles et ont averti que la nouvelle politique pourrait s’apparenter à de la censure.
« Fears Labour’s misogyny extremism plan could threaten free speech », The Telegraph, 2024
Cette décision a été rapidement suivie par les annonces du Ministre des sciences, Peter Kyle, qui s’est engagé à appliquer rigoureusement la loi sur la sécurité en ligne (Online Safety Act), qui confère à l’Ofcom [NdT : l’autorité de régulation des télécommunications au Royaume-Uni] et à la police des pouvoirs sans précédent pour « réguler » le discours en ligne.
Basé sur quoi, exactement ?
D’où est venu l’idée de cette série ? Dans un entretien du 4 mars avec Radio Times, Graham dit qu’il a été partiellement inspiré par deux meurtres réels :
« Pour moi », explique Graham, qui a co-créé et écrit Adolescence avec Jack Thorne, « l’idée est née à la suite d’un incident survenu à Liverpool, où une jeune fille a été poignardée à mort par un jeune garçon. Je me suis dit : pourquoi ?
« Puis il y a eu une autre jeune fille dans le sud de Londres qui a été poignardée à mort à un arrêt de bus. Et il y a eu cette affaire dans le Nord, où la jeune Brianna Ghey a été attirée dans le parc par deux adolescents, qui l’ont poignardée. Je me suis demandé ce qui se passait. Qu’est-ce qui se passe ? »
« Stephen Graham and Adolescence director explain why Netflix crime drama is filmed in one take », Radio Times, 2025
L’affaire dans le sud de Londres à été identifiée comme le meurtre tragique d’Elianne Andam, 15 ans, poignardée en novembre 2023. Son assassin, Hassan Sentamu, 18 ans, était un adolescent noir. La question se pose alors : pourquoi le tueur fictif est-il blanc ? Les critiques ont parlé d’aseptisation raciale. Si les races avaient été inversées — si un délinquant blanc de la vie réelle avait été remplacé par un personnage noir — un grand nombre des mêmes personnalités médiatiques qui ont fait l’éloge de la série auraient probablement crié au racisme. Pourtant, l’affaire n’est pas si tranchée.
Graham a également fait référence à un meurtre commis à Liverpool, dont on pense généralement qu’il s’agit du meurtre d’Ava White en 2021 : une jeune fille blanche assassinée par un garçon présumé blanc de 14 ans (un juge de la Haute Cour a refusé qu’il soit identifié pour des raisons de protection sociale). Cela correspond mieux à la distribution des rôles de la série. Les allégations de préjugés raciaux n’ont donc pas vraiment été confirmées comme certains l’ont suggéré.
Mais ce que la série n’a pas montré est tout aussi révélateur. Aucun des cas réels cités n’était directement lié à l’incelitude, à l’idéologie de la pilule rouge ou à Andrew Tate. L’un d’entre eux était lié aux réseaux sociaux, mais ce n’était pas la seule cause. Le meurtre d’Ava White serait dû à une dispute au sujet d’une vidéo Snapchat. Le meurtre d’Elianne Andam aurait fait suite à une confrontation entre son amie et le suspect — l’ex-petit ami de son amie — au sujet de la restitution d’objets personnels. Pas de vidéos de Tate. Pas de motivations « incel ». Pas de récits de radicalisation en ligne. Et pourtant, ces éléments semblent être les piliers d’Adolescence (oui, je l’ai regardé).
Déconnecter la fiction des faits
Pour être clair, il n’est pas impossible pour un incel blanc, radicalisé en ligne, de devenir violent. En 2021, Jake Davison a tué cinq personnes à Plymouth — y compris sa mère et une fillette de trois ans — avant de se tuer. Il s’est avéré que Davison consommait du nihilisme « pilule noire » en ligne et admirait ouvertement Elliot Rodger, la figure de proue incel à l’origine des tueries de 2014 en Californie. Mais on est loin de ce que Tate propose en tant qu’influenceur.
Une lecture objective du contenu de Tate n’est pas facile : il dit quelque chose de scandaleux pour attirer l’attention, puis revient sur ses propos dans des vidéos ultérieures en faisant preuve de « sens commun » — ou vice versa. Par exemple, dans une vidéo YouTube datant de juillet 2022, Tate déclare : « Je crois que c’est ma femme ; elle devrait pouvoir venir me voir pour me faire part de ses problèmes, et je devrais les régler. » Une déclaration démodée et sans doute paternaliste, mais qui ne déclencherait pas d’alarme dans la plupart des couches de la société.
Cependant, plus tard dans le même entretien, Tate a déclaré qu’une « femme est donnée à l’homme et appartient à l’homme », et a ensuite décrit les femmes comme étant « une propriété ». Il a dit pire, bien pire. Mais presque toujours, les déclarations les plus provocantes sont rapidement suivies d’une mise en garde, d’une mise en contexte ou d’une réorientation. Il s’agit d’un modèle : la provocation pour susciter l’engagement, suivie d’une dilution rhétorique. Pourtant, de nombreux militants progressistes ne reconnaissent jamais cette dualité. Peut-être parce que la nuance ne fait pas les gros titres.
Les données pertinentes
Au lendemain de la diffusion, M. Starmer a salué la série à plusieurs reprises, déclarant : « En tant que père, regarder Adolescence avec mon fils et ma fille adolescents m’a frappé de plein fouet. Nous devrions tous avoir davantage de conversations de ce type. » Au vu de ces commentaires, on pourrait penser que les statistiques sur la violence misogyne, incel et induite par Tate sont significatives. Le fait est qu’elles ne le sont pas vraiment.
Selon les données gouvernementales de Prevent — le principal programme britannique de lutte contre l’extrémisme — seuls neuf renvois au cours de l’année 2023/2024 étaient liés aux incels. Cela ne représente que 2% du total des cas « parrainés » par Channel, la branche de Prevent qui propose d’intervenir auprès d’individus considérés comme risquant de commettre des actes extrémistes. Cela peut s’expliquer par le fait que l’idéologie incel se manifeste parallèlement à d’autres types d’extrémisme, mais il en va de même pour d’autres idéologies. À titre de comparaison, 45% des cas « parrainés » sont liés à une idéologie d’extrême droite et 23% à l’extrémisme islamiste. Même les individus signalés pour des menaces de massacres dans les écoles sont plus nombreux que les cas d’incels.
Plus révélateur encore, le système Prevent est depuis longtemps accusé d’une partialité institutionnelle qui s’aligne sur une orthodoxie plus large de la fonction publique. [NdT : pour comparaison avec les efforts de prévention, 63% des condamnations pour terrorisme en Grande-Bretagne concernent des islamistes et 29% des militants d’extrême droite]. Le matériel de formation classe le « nationalisme culturel » parmi les idéologies extrémistes. La croyance selon laquelle la culture occidentale est menacée par l’immigration de masse et le manque d’intégration est explicitement signalée comme un « récit préoccupant ».
Une source gouvernementale familière avec le programme a récemment confirmé que les exemples utilisés pour illustrer la radicalisation mettent presque exclusivement en scène de jeunes hommes blancs. Même les modules sur les incels, a-t-elle noté, mettent l’accent de manière disproportionnée sur une terminologie en ligne obscure comme le « looksmaxxing » — un processus qui consiste à maximiser sa propre attractivité physique. Et pourtant, malgré cette inclination, les cas d’incels « parrainés » restent remarquablement peu nombreux.
L’idée que l’extrémisme misogyne est en train de balayer la jeunesse blanche du Royaume-Uni est également mise à mal par les données. Une enquête menée en 2023 par Savanta [NdT : un institut de sondage britannique] auprès de plus de 1.200 résidents britanniques âgés de 16 à 25 ans a révélé que 41% des Noirs interrogés et 31% des Asiatiques interrogés voyaient Andrew Tate d’un bon œil, contre seulement 15% des Blancs interrogés. William Costello, chercheur à l’université d’Austin spécialisé dans la psychologie incel, l’a confirmé lors d’un récent entretien avec [le canal YouTube] Triggernometry. Ses travaux montrent invariablement que l’influence de Tate n’est pas concentrée sur les jeunes Blancs mécontents, mais qu’elle s’étend bien plus largement.
Et tout cela se passe dans un contexte où 75% des dossiers traités par le MI5 [NdT : le service de renseignement intérieur du Royaume-Uni] sont liés au terrorisme islamiste et où les ressortissants étrangers sont largement surreprésentés dans les statistiques sur les délits sexuels et les violences. Les données du ministère de la justice, obtenues grâce à une demande d’accès libre à l’information administrative, montrent que jusqu’à 23% des infractions sexuelles, y compris les viols, ont été commis par des ressortissants étrangers entre 2021 et 2023, alors que les données du recensement indiquent qu’ils représentent 9,3 % de la population.
Disproportion
C’est pour cela que certaines mâchoires se sont décrochées de stupéfaction le 31 mars, lorsque Starmer a officiellement soutenu le projet des producteurs de diffuser la série dans les établissement du secondaire, afin que « le plus grand nombre possible de jeunes puissent la voir ». Les critiques ont rapidement souligné que la série Three Girls de la BBC — un drame de 2017 basé sur le véritable scandale du gang pédocriminel de Rochdale — n’a jamais été diffusée dans les écoles. Cette série décrivait une partie de l’activité industrielle de détournement de jeunes filles vulnérables de la classe ouvrière blanche par des réseaux d’hommes, pour la plupart d’origine moyen-orientale et sud-asiatique.
Une affaire basée sur des faits documentés, des témoignages, des rapports de police et des récits de survivants de première main. Pourtant, c’est le pseudo-fictionnel « garçon incel », inspiré de Tate, qui reçoit le mandat du gouvernement. Maggie Oliver, ancienne policière et dénonciatrice des gangs pédocriminels, affirme que ce phénomène perdure. Sa fondation, créée pour soutenir les survivantes, est toujours contactée par des dizaines de filles chaque mois.
Les crimes au couteau sont également beaucoup plus fréquents chez les adolescents. Au cours de l’année qui s’est achevée en mars 2024, plus de 3.200 infractions liées aux couteaux ou aux armes offensives ont été commises par des enfants âgés de 10 à 17 ans et ont donné lieu à un avertissement ou à une condamnation. Cela représente une baisse de 6% par rapport à l’année précédente, mais une augmentation de 20% par rapport à la décennie précédente. Pas de projection à l’école. Et pour bien d’autres préoccupations plus répandues également.
Mais lorsque le chef du Parti conservateur, Kemi Badenoch [NdT : une femme d’origine nigérienne] a finalement montré l’éléphant au milieu de la pièce — appelant Starmer à donner la priorité à la croissance économique au lieu de se laisser aller à faire du théâtre — les médias libéraux [NdT : c’est à dire, de gauche] ont à nouveau allumé leurs torches.
Tout d’abord, la radio LBC et Nick Ferrari ont suggéré que Mme Badenoch avait « manqué à son devoir » en admettant qu’elle n’avait pas regardé la série. Oui, apparemment, ne pas regarder une mini-série fictionnelle de Netflix est désormais considéré comme un manquement au devoir public. Et ce, de la part d’une radio qui se présente comme la championne du discours raisonné.
Puis James O’Brien est intervenu, affirmant que Badenoch avait été victime de « mensonges racistes sur les réseaux » à propos de la distribution des rôles de la série, et plus particulièrement de l’idée qu’un tueur réel non blanc avait été fictionnalisé en tant que blanc. Stephen Graham, le co-créateur d’Adolescence, avait pourtant admis dans l’interview accordée au Radio Times que l’affaire du meurtrier Hassan Sentamu, un adolescent noir du sud de Londres, était l’une de ses sources d’inspiration.
Pendant ce temps, la couverture de la BBC devenait carrément surréaliste. Dans sa tentative d’établir un lien entre Adolescence, l’affaire Southport et Andrew Tate, la BBC a publié un article intitulé : « Les parents des victimes de l’attaque de Southport partagent leur crainte d’Andrew Tate ». Six lignes plus loin, l’auteur avouait :
Rudakubana a effacé une grande partie de l’historique de ses recherches sur Internet avant l’attentat et on ne sait pas s’il a déjà vu du contenu lié à M. Tate.
Jonny Humphries, « Southport attack parents share Andrew Tate fears », BBC News, 2025
Alors pourquoi écrire cet article ? Le même média a répété les déclarations de la police selon lesquelles le véritable motif de Rudakubana n’est pas connu. Et ils n’ont rien dit sur les contenus anti-blancs trouvés sur son ordinateur portable. S’ils sont prêts à publier des « il a dit / elle a dit » pour relier un influenceur des médias sociaux à l’affaire de Southport, ils devraient certainement parler du contenu qui a été trouvé sur les appareils du tueur, non ?
Curieuses connexions
C’est alors que survint une petite bombe, découverte par la toujours diligente journaliste d’investigation Charlotte Gill. Alors que la diffusion d’Adolescence dans les écoles venait d’être approuvée, Netflix a révélé que le projet serait facilité par Into Film+, une plateforme soutenue par le British Film Institute. Parallèlement, une organisation caritative appelée Tender produirait des « guides éducatifs » et des « boîtes à outils de conversation » pour les enseignants, les parents et les auxiliaires — encadrant ainsi la série pour les discussions en classe.
Ce qui a été largement passé sous silence, c’est que Tender a reçu 3,4 millions de livres sterling du contribuable entre 2020 et 2024. Son PDG, Susie McDonald, a participé à la table ronde sur l’adolescence organisée par M. Starmer. Ce financement ne provenait pas de donateurs privés. Il a été acheminé par le biais d’un mélange de subventions et de contrats gouvernementaux, ce qui en fait moins un établissement d’enseignement « indépendant » qu’un véhicule soutenu par l’État. Et Tender n’opère pas dans le vide. L’organisation caritative a déjà travaillé avec l’un des dirigeants municipaux les plus ouvertement progressistes du Royaume-Uni, le maire [de Londres] Sadiq Khan. En 2022, il a lancé une « boîte à outils anti-sexisme » d’un million de livres sterling pour toutes les établissements secondaires de Londres, élaborée en partie avec la participation de Tender.
Il y a ensuite Into Film+. Sur le papier, il s’agit d’un service de distribution et d’éducation. En pratique, il est financé par le British Film Institute (BFI), lui-même financé par la Loterie nationale, sous la tutelle du Ministère de la culture, des médias et du sport (DCMS). Pourquoi cela est-il important ? Parce que cette même Loterie nationale finance certains des mouvements progressistes les plus agressifs du pays, notamment TransActual, Mermaids, et Just Like Us. Parmi eux, T(ART) Productions, qui organise des « camps de travestissement » pour des enfants de 14 ans.
Bien sûr, il ne faut pas oublier Warp Films, producteurs d’Adolescence, qui a également reçu des fonds gouvernementaux en 2021 via le Global Screen Fund, qui est à nouveau financé par le DMCS.
Soyons clairs sur le scénario : un drame fictif sur une menace idéologique statistiquement rare, produit par des créatifs proches de l’État, est introduit dans les écoles comme personne ne l’a jamais vu auparavant, avec du matériel pédagogique rédigé par une organisation caritative financée par l’État et distribué par un service cinématographique soutenu par le gouvernement. Les empreintes digitales de l’État sont partout.
Pour être clair, il ne s’agit pas de suggérer que les travaillistes ont orchestré le spectacle. Il est antérieur au retour au pouvoir des travaillistes et les ministres n’approuvent pas directement ce type de financement. Ce qui est beaucoup plus probable, c’est qu’il s’agit d’une initiative de la fonction publique et qu’elle est encouragée par des voies bureaucratiques obscures. Cette même fonction publique qui, dans un rapport ayant fait l’objet d’une fuite en janvier, a décrit le « prétendu » problème des « gangs pédocriminels » et les allégations de « police à deux vitesses » comme faisant partie d’un « récit d’extrême droite ».
Réflexions
Il n’est pas difficile de comprendre ce qui se passe ici. Adolescence est, en toute honnêteté, une bonne série je crois. Il se peut qu’elle ait commencé avec l’intention sincère d’explorer des affaires comme celles d’Ava White et d’Elianne Andam. Mais quelle que soit sa valeur artistique, ce que le gouvernement en a fait relève de la fabrication d’un récit idéologique.
Nous avons des députés qui présentent une émission pseudo-fictive comme un contenu éducatif, un Premier ministre qui la qualifie de « documentaire ou de drame », et toute la machine de l’État qui travaille comme un seul homme pour renforcer son message — ainsi que les journaleux s’occupant des relations publiques. L’émission a été discrètement cooptée comme propagande pour justifier le programme gouvernemental de censure en ligne pour la « sécurité ». Et les producteurs, dans toutes leurs tournées et apparitions médiatiques, ont semblé plus qu’heureux de jouer le jeu.
Ce titre à lui seul dit tout : « Les créateurs d’Adolescence acceptent l’invitation à discuter de la sécurité en ligne avec les députés » (Times & Star/PA Media). Comme le disait Off Guardian sur X le 21 mars :
La loi sur la sécurité en ligne est entrée en vigueur lundi. Depuis, les créateurs d’Adolescence sont passés à Newsnight, Good Morning Britain et CNN pour parler des dangers des médias sociaux et de la nécessité d’un « vrai changement ». Ils ont été invités à s’adresser au Parlement. Un député a demandé si l’émission devait être obligatoirement diffusée dans les écoles. Vous pouvez choisir de vivre dans un monde où tout ceci n’est qu’une coïncidence, ou vous pouvez choisir de vivre dans le monde réel.
La bonne nouvelle ? Plus de 1.500 enseignants et parents ont déjà signé une lettre déclarant que la série n’est pas adaptée comme ressource éducative. La riposte est là.
Note : 1.800 signataires à la date du 8 avril. Je ne partage pas l’optimisme de JJ Starky : c’est très peu. En regard des 68 millions d’habitants du Royaume-Uni, ce n’est même rien. — TB