L’Effrontée du mois de juillet 2021 : Julia

Quel été naze ! Plus moyen de sortir au forum ou aux arènes sans être contrôlée. Même pour entrer dans une auberge, il faut s’être fait administrer d’abord les lavements obligatoires. C’est à cause de ce cochon de Galien qui conseille l’empereur sur la manière de combattre l’épidémie : clystères pour tous, sinon c’est l’ostracisme. Vous m’imaginez, moi, laissant un medicus me farcir comme une carpe au vinaigre ? Même les orgies privées sont entravées ; il y a toujours un vieux croûton frustré pour se plaindre aux vigiles si l’on n’a pas eu le fondement inondé comme la Cloaca Maxima.

Ah, quel ennui ! Plus de banquets. Plus de courses de char. Plus de jeux. On dit que les gladiateurs désœuvrés retournent en province travailler aux champs. Les soldats revenus des combats lointains ont ordre de s’isoler pour rassurer les sénateurs tremblotants. J’étais si impatiente que le ciel se fasse enfin clément pour pouvoir déambuler dans cette mousseline de Maisolos, et patatras ! Plus un seul athlète en ville pour m’admirer. Plus un seul garçon de bonne famille pour me courtiser. Je vais mourir de tristesse…

À moins de convaincre père de m’acheter un nouvel esclave au marché. Un grand Nubien, par exemple. Ou un Suève aux cheveux d’or. Ou un Perse aux yeux de chat. N’importe, du moment qu’il est entier.

John William Godward, la Fille en drapé jaune, 1901
La Fille en drapé jaune, par John William Godward, 1901

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