Les Effrontées du mois de janvier 2024 : les Nymphes des bois

— Chhhut ! Les filles, silence ! Ne le réveillez pas.

— Qu’il est mignon !

— Trrrrrrop chou ! Exactement mon genre, ni viril, ni musclé.

— Délicat, presque féminin.

— Oh oui ! Il semble si déconstruit quand il dort. Pas du tout bad boy.

— Je suis sûre qu’il assume sa gentillesse, sa normalité. Il doit être sympathique. Il aime se moquer de lui-même. Il n’a pas l’air menaçant, tout en étant un peu sexy.

— Un peu sexy ? Très sexy ! C’est tellement beau un homme qui dépasse les stéréotypes patriarcaux.

— Je sens que malgré sa taille, il ne chercherait pas du tout à me dominer. Nous aurions une relation très égalitaire.

— Pfff… Pourquoi toi ? Il me soutiendrait, ne me dirait jamais un mot de travers, prendrait du temps pour moi…

— Chhhut !

— Cela démontre, au passage, qu’être gentil n’enlève rien au sexy, aux fantasmes, au sex appeal. Comment en est-on arrivé à trouver sexy les hommes qui font souffrir les femmes ?

— Mais oui, comment ? Vous avez vu ce torse ? Très beau, exposé comme ça, tout nu. Il doit avoir un dos magnifique aussi. Comme il serait doux d’être dans ses bras et l’écouter exprimer sa vulnérabilité !

— Il a une belle queue !

— Oooh…

— Oui…

— Je veux bien souffrir un peu.

— Tu crois qu’il voudrait de toi ?

— Et pourquoi pas ?

— Tu ne serais pas digne de sa sensibilité.

— Et toi, grosse pouf, tu en serais digne peut-être ?

— Grosse ? Les hommes comme lui aiment un corps vraiment féminin !

— N’importe quoi, ils déconstruisent les standards de beauté traditionnels. Boudin !

— Anorexique !

— Nymphomane !

— Ah, c’est malin ! Nous sommes toutes des Nymphes, gourdasse.

— Chhhhhhhut, les filles !

— Chhhhut !

— Chhut !

— Chhh…

Illustration : Un faune surpris par les Nymphes, par Émile Bin, 1881

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