Les chiffres de l’immigration en France (2)

De profondes transformations démographiques

Marc Vanguard diffuse sur Twitter des éléments de statistique sur l’immigration. Nous republions son travail sur les Effrontés dans l’espoir que cela nourrisse chez le lecteur une réflexion raisonnable et mesurée, au lieu des réactions émotionnelles si fréquentes sur ce sujet. — TB

Comment l’immigration change-t-elle la composition de la population (immigrés, descendants d’immigrés) ? Toutes les réponses dans ce billet en 12 infographies choc ! Ce billet est le deuxième d’une série dédiée aux chiffres de l’immigration en France, il prend la suite de celui-ci : Des flux entrants toujours plus importants.

Il n’y a « que » 7,8% d’étrangers dans la population en 2022. Mais :

  • En une vingtaine d’années, le nombre d’étrangers a augmenté de 2 millions (+60%).
  • Le pourcentage d’étrangers ne reflète pas l’ampleur de la transformation démographique de la France par l’immigration…
La légère augmentation du taux d'étrangers ne reflète pas la forte croissance des flux d'immigration

En effet, sur les 10 dernières années, plus d’1 million d’étrangers ont acquis la nationalité française, la plupart par naturalisation. Par ailleurs, nous allons voir qu’un autre phénomène que l’immigration stricto sensu bouleverse la démographie française…

En dix ans, plus d'un million d'immigrés ont acquis la nationalité française

La fécondité des femmes immigrées est hors-norme :

  • 3 enfants par femme en moyenne.
  • 1,4 enfant de plus que les femmes autochtones.
  • La fécondité des immigrés est la plus élevée de l’Union européenne.
La fécondité des femmes immigrées en France bat les records

Conséquence de la fécondité hors-norme des immigrées, la France est le grand pays d’Europe occidentale avec la part la plus élevée de descendants d’immigrés dans sa population : 15% d’après l’OCDE, mais un peu moins d’après la base INSEE étudiée plus loin.

La proportion des descendants d'immigrés est la plus élevée d'Europe

Petite parenthèse pour mieux comprendre la suite : le pourcentage d’Africains parmi les immigrés en France est de très loin le plus élevé de toute l’OCDE, voir ci-dessous.

En France la majorité des immigrés sont d'origine africaine

Fin de la parenthèse, on continue.

La part des naissances d’origine extra-européenne a donc explosé, passant d’1 naissance pour 20 en 1978 à une 1 naissance pour 4 en 2018. Et bientôt 1 pour 3.

Un naissance sur quatre est d'origine extra-européenne

En 2018, on comptait ainsi 180.000 naissances d’origine extra-européenne. C’est deux fois plus que 20 ans auparavant. Alors qu’au début des années 1960, moins de 3% des naissances étaient d’origine extra-européenne, nous avons désormais dépassé les 25%.

Un quart des naissances ont au moins deux grands-parents extra-européens

Au rythme actuel, les naissances d’origine extra-européenne seront majoritaires dans 20 ans. C’est ce qu’on peut estimer en « tirant le trait » par une simple extrapolation polynomiale.

La moitié des enfants en 2044 seront d'origine extra-européennes

En parallèle de l’immigration et de la fécondité des immigrés, un autre mécanisme entre en jeu : la chute de la natalité autochtone. Depuis les Trente Glorieuses, les naissances annuelles autochtones ont baissé d’un tiers. L’équivalent de 260.000 naissances en moins.

Les naissances autochtones ont baissé d'un tiers depuis 1963

Sous l’action de ces différents phénomènes, la répartition des naissances par origine migratoire a donc profondément évolué depuis les années 1960, bien que les autochtones représentent encore deux tiers des naissances.

Deux tiers des naissances restent atutochtones

Si vous voulez vous faire une idée de l’ampleur du changement depuis votre naissance, consultez les représentations des naissances par origine migratoire en 1963, 1993, 2018 (INSEE) et 2022 (estimation) ci-dessous.

Répartition des naissances par origine migratoire en 1963
Répartition des naissances par origine migratoire en 1993
Répartition des naissances par origine migratoire en 2018
Répartition des naissances par origine migratoire en 2022

Conséquence mécanique de la composition des naissances et de l’immigration : la structure de la population a profondément évolué :

  • Environ 15% des habitants sont d’origine extra-européenne.
  • Les autochtones restent toutefois largement majoritaires (73%).
Répartition des naissances dans la population française par origine migratoire

Certains démographes (tel Hervé Le Bras) annoncent un grand métissage. On observe cependant une certaine endogamie des populations issus de l’immigration extra-européenne. En effet :

  • 90% des autochtones se mettent en couple avec des autochtones.
  • 80% des personnes issues de l’immigration européenne se mettent en couple avec des autochtones.
  • En revanche, ce n’est le cas que pour 30% à 40% des descendants d’immigrés extra-européens !
Les descendants d'immigrés sont endogames

En résumé : la France vit sa plus forte transformation démographique depuis plus de 1500 ans sous l’action de trois phénomènes :

  • Une immigration sans précédent.
  • La fécondité hors-norme des immigrés.
  • La baisse de la natalité autochtone.

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