— Chhhut ! Les filles, silence ! Ne le réveillez pas.
— Qu’il est mignon !
— Trrrrrrop chou ! Exactement mon genre, ni viril, ni musclé.
— Délicat, presque féminin.
— Oh oui ! Il semble si déconstruit quand il dort. Pas du tout bad boy.
— Je suis sûre qu’il assume sa gentillesse, sa normalité. Il doit être sympathique. Il aime se moquer de lui-même. Il n’a pas l’air menaçant, tout en étant un peu sexy.
— Un peu sexy ? Très sexy ! C’est tellement beau un homme qui dépasse les stéréotypes patriarcaux.
— Je sens que malgré sa taille, il ne chercherait pas du tout à me dominer. Nous aurions une relation très égalitaire.
— Pfff… Pourquoi toi ? Il me soutiendrait, ne me dirait jamais un mot de travers, prendrait du temps pour moi…
— Chhhut !
— Cela démontre, au passage, qu’être gentil n’enlève rien au sexy, aux fantasmes, au sex appeal. Comment en est-on arrivé à trouver sexy les hommes qui font souffrir les femmes ?
— Mais oui, comment ? Vous avez vu ce torse ? Très beau, exposé comme ça, tout nu. Il doit avoir un dos magnifique aussi. Comme il serait doux d’être dans ses bras et l’écouter exprimer sa vulnérabilité !
— Il a une belle queue !
— Oooh…
— Oui…
— Je veux bien souffrir un peu.
— Tu crois qu’il voudrait de toi ?
— Et pourquoi pas ?
— Tu ne serais pas digne de sa sensibilité.
— Et toi, grosse pouf, tu en serais digne peut-être ?
— Grosse ? Les hommes comme lui aiment un corps vraiment féminin !
— N’importe quoi, ils déconstruisent les standards de beauté traditionnels. Boudin !
— Anorexique !
— Nymphomane !
— Ah, c’est malin ! Nous sommes toutes des Nymphes, gourdasse.
— Chhhhhhhut, les filles !
— Chhhhut !
— Chhut !
— Chhh…
Illustration : Un faune surpris par les Nymphes, par Émile Bin, 1881
J’aime beaucoup