L’approche d’élections nationales est le moment idéal pour divers groupes d’influence désirant attirer l’attention de la classe politique sur une partie de la population jusqu’ici trop délaissée par l’État : eux-mêmes. Une tribune publiée dans la presse par « la Fondation des Femmes et les principaux réseaux associatifs français de défense des droits des femmes » appelle les candidats à s’engager sur dix mesures « afin de lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes ». Bien. Et cependant, à la lecture des dix mesures proposées, on peut douter qu’elles aient pour but l’égalité entre les sexes. Si l’on prend, par exemple, la mesure 6 :
Garantir l’accès de chaque citoyenne à des services de santé de qualité et bienveillants à moins de trente minutes de chez elle ; améliorer la prise en compte des pathologies des femmes.
On voit mal en quoi la question de l’accès aux services de santé serait une difficulté spécifiquement féminine. Les autrices de la tribune aurait pu critiquer la désertification médicale et le déclin organisé des services publics de santé comme une dégradation de l’accès aux soins pour tout le monde, certainement nuisible aux femmes, mais guère moins aux hommes. De même, améliorer la prise en compte des pathologies des femmes suppose de faire de même pour les hommes, en reconnaissant que les hommes et les femmes sont corporellement et psychiquement différents, c’est à dire sexués et non simplement « genrés ».
La totalité des propositions sont écrites pour les femmes, et non pour l’égalité entre hommes et femmes. Loin de moi l’idée de les en blâmer ! Qui reprocherait au lobby des charcutiers de rester indifférent aux ennuis des producteurs de salades ? Tout au plus pourrait-on suggérer un peu plus d’honnêteté dans l’intitulé. Au lieu de baptiser leur appel « Candidats, engagez-vous sur les 10 mesures de notre plan d’urgence pour l’égalité femmes-hommes », elles auraient pu se contenter de « Candidats, engagez-vous sur les 10 mesures de notre plan en faveur des femmes ». Personne, quasiment, n’y aurait trouvé à redire.
Et les hommes dans tout ça ? Et bien, habituellement, lorsqu’une fondation inclut « hommes » dans sa dénomination, c’est pour signifier qu’elle se préoccupe de la totalité de l’humanité : hommes, femmes, enfants. En conséquence, nous sommes assez mal pourvus en associations défendant spécifiquement les intérêts masculins auprès des élus. La marque « homme », mal protégée, s’est trop diluée dans un usage indiscriminé, voyez-vous ? Lui rendre sa pertinence et lui redonner un positionnement lisible sur le marché du blabla politico-médiatique s’annonce une tâche ardue, pas rentable dans l’état actuel de la demande. Même nos contemporains de sexe masculin n’osent plus se revendiquer « hommes », sauf en version déconstruite (c’est à dire défaits, démantelés, démolis).
Tant pis, puisqu’il faut tout faire soi-même, voici mes dix propositions en faveur des hommes :
1. Offrir des réductions d’impôts aux personnes qui ne sont pas impliquées dans des violences conjugales et n’ont donc pas à financer le secteur associatif spécialisé dans la prise en charge des victimes (selon le principe « pollueur-payeur »). Le coût des mesures préconisées par les associations féministes serait alors porté par les individus concernés, créant une incitation économique à ne pas participer à cette violence. Dans cet esprit, facturer la prise en charge à toute victime qui aura mis plus de trois mois après les premiers sévices à se rendre compte qu’elle vivait avec une brute.
2. Créer un Observatoire des Bidonnages Universitaires et Statistiques chargé de se moquer des publications riches en idéologie mais pauvres en faits.
3. Passer à des tribunaux paritaires où siégeront obligatoirement autant d’hommes que de femmes. Comme la magistrature est largement féminisé, cela implique de former et de recruter davantage d’hommes dans ce métier. Comment pourrait-on bouder une mesure si favorable à l’égalité ?
4. Dispenser les hommes de toute responsabilité parentale et pécuniaire vis-à-vis des enfants qu’ils n’ont pas souhaité concevoir. Après tout, ils ne décident pas de l’IVG et très rarement de la contraception. Le non-père pourra également décider de rester anonyme vis-à-vis de l’enfant non-reconnu, sur le même principe que l’accouchement sous X.
5. Aller vers la parité dans l’enseignement, en particulier le primaire et le secondaire. Lutter contre les représentations inégalitaires des relations entre hommes et femmes en taxant fortement les œuvres de fiction où l’héroïne tombe amoureuse d’un homme dominant.
6. Garantir l’accès de chacun à des services de santé de qualité à moins de trente minutes de chez soi. Tout le monde en a besoin. En outre, vu la prise en charge de l’essentiel du coût des études médical par le contribuable, imposer aux médecins fraîchement diplômés d’aller bosser quelques années dans les coins où l’on ne trouve plus de toubibs. Oui, même aux doctoresses.
7. Lancer un référendum sur le thème de l’égalité salariale dont la question serait :
Voulez-vous que l’égalité salariale soit définie comme :
a) Chacun est payé pareil sur un poste donné, en proportion du travail effectivement fourni.
b) Chacun est payé pareil au même diplôme et à la même ancienneté, peu importe le poste et le travail effectif.
c) Chacun est payé pareil, le travail on s’en fiche.
8. Reconnaître que le couple, en tant qu’entité économique et familiale durable, est une idée obsolète ne correspondant plus au mode de vie des Françaises et des Français. En conséquence, remplacer le mariage et le PACS par un contrat de colocation complété d’une promesse de négociation au cas par cas de rapports sexuels optionnels. La dissolution du susdit contrat dispense les ex-contractants de se devoir quoi que ce soit : ni pension alimentaire, ni compensation, ni partage de patrimoine. Chacun reprend ses billes, toujours acquises à titre individuel avant et pendant la durée de la colocation. Supprimer la notion de compte joint en même temps que celle de conjoint.
9. Réformer le congé de maternité en fonction de la réponse au référendum de la proposition 7. Si la réponse est a) ramener le congé de maternité à la durée minimum médicalement nécessaire (afin de réduire autant que possible l’inégalité salariale qui en découle). Si la réponse est b) donner le même congé à la mère et à tous les pères ou mères supplémentaires désirant reconnaître l’enfant. Si la réponse est c) chacun prendra des congés quand il le voudra, alors quelle importance ?
10. Mener une réelle diplomatie égalitaire en demandant que les indices internationaux mesurant les inégalités entre les sexes tiennent désormais compte des situations défavorables aux hommes autant que des situations défavorables aux femmes. Prendre modèle sur toute législation libérant les hommes des obligations de leur rôle traditionnel, puisqu’ils n’en tirent plus aucune contrepartie.