Salve ! C’est encore moi, Julia. On m’a choisi pour être l’Effrontée du mois de juillet, comme l’année dernière. Je suis la personnification torride des étés caniculaires, il paraît. La robe diaphane, le décor méditerranéen, mon petit air languide, tout ça… Mais toujours pas un beau mec dans le tableau. Taedium vitae… Dégoûtée de la vie.
Quelle malchance de vivre au IIe siècle ! Pas de réseaux sociaux, pas d’applications de rencontre. Je dois me contenter de l’attention des quelques patriciens qui rendent visitent à mon père dans notre villa d’été, bien loin de Rome. Une fois éliminés les trop vieux, les trop jeunes, les trop petits, les trop faibles, les trop veules et les trop modestes, il me reste quoi ? Il y a bien ce jeune homme, le fils de Domitia Calvilla. Comment s’appelle-t-il déjà ? Marc, je crois. Il est assez beau et fort riche, mais pas assez vaillant et passe trop de temps à écouter les philosophes. Il ne fera jamais rien de sa vie ce garçon.
Et moi je reste là, toute chaude et solitaire, à me tourner et me retourner sensuellement sur ces peaux de bêtes… Des peaux de bêtes ? Mais il se moque de moi ce peintre ! Par ces températures infernales, il fallait encore qu’il me peignît sur des fourrures étouffantes ? Emboliari ! Lumbrice ! Furuncule !