Traitement préventif (4)

Ceci est le dernier volet d’une traduction d’un quadruple billet de Rollo Tomassi proposant un modèle des phases de l’hypergamie au cours de la vie d’une femme. Le texte original a été publié en 2014 sur therationalmale.com. — TB

À l’époque où il avait une émission de radio, Tom Leykis avait cette rubrique : il prenait tous les jours des appels de femmes qui racontaient comment elles avaient été, sexuellement (c’est-à-dire : cochonnes), et comment elles étaient à présent. Il avait trouvé cela en passant devant une école en allant au studio, en voyant toutes ces femmes qui attendaient que leurs gamin sorte et en se demandant comment était leur vie quand elles étaient dans la vingtaine et n’avaient pas d’enfants. C’était une rubrique très populaire et les confessions pleuvaient comme si toutes ces femmes avaient attendu depuis des années de tout dire anonymement sur leur passé sexuel, dont leur mari n’aurait même jamais rêvé qu’elles soient capables. Chacune de ces femmes semblait fière d’elle, presque nostalgique, comme si c’était une sorte d’accomplissement passé.

C’est pour cela que je me moque du concept de « femme bien ». N’interprétez pas cela comme une opinion binaire « femmes = caca ». Je veux dire que le concept de la « femme bien » qu’ont la plupart des mecs est un idéal irréaliste. Il n’y a pas un mec dans le monde qui ne se soit engagé dans la monogamie avec une femme sans penser qu’elle était « bien » quand il était avec elle. Même si c’était une névrosée clinique avant qu’il la saute, elle avait quand même « d’autres qualités qui la rachetaient » faisant qu’elle en valait la peine. C’est seulement après coup, quand le monde qu’il avait construit autour de son idéal d’elle s’écrase en flamme, qu’il ne la trouve plus vraiment une « femme bien ».

Chronologie de l'hypergamie

Le schisme

Un intéressant schisme interne se produit chez une femme durant la seconde moitié de la phase de sécurité et durant la phase de développement. Le premier aspect de ce schisme psychologique est le désir d’un sentiment inaltérable de sécurité. En mûrissant, elle donne la priorité à une sécurité durable avec une intensité croissante à chaque enfant qu’elle porte et/ou à chaque incident de la vie durant lequel cette sécurité est mise à l’épreuve.

Pour la femme mariée qui consolide sa situation avec son meilleur approvisionneur masculin disponible, cette intensification se manifeste habituellement par une interminable série d’interropièges [NdT : shit testing], pas seulement sur sa capacité à constamment répondre à un besoin toujours croissant d’approvisionnement, mais aussi l’adéquation au rôle d’alpha dont elle s’était convaincue qu’elle lui viendrait en mûrissant. Le conflit primaire pour elle durant ces phases est que l’alpha potentiel chez son approvisionneur ne ressemble et ne se compare jamais tout à fait avec les souvenirs idéalisés des hommes alphas qu’elle envisageaient durant ses années de fête.

J’ai écris plusieurs billets sur la dynamique de la « veuve d’alpha », mais à aucune autre phase de la vie une femme n’est plus encline à regretter un ancien amant alpha que lorsqu’elle entre dans la phase de développement. C’est le moment où la sécurité dont elle était si avide durant sa phase de révélation devient un fardeau, mais reste une nécessité dans sa vie. À moins qu’un homme se soit réinventé en capitalisant sur sa Valeur sur le Marché Sexuel assez significativement pour se débarrasser de la première impression « d’approvisionneur acceptable » qu’une femme attendait de lui initialement, cinq minutes d’aventure avec un alpha battront toujours cinq ou dix ans de dévouement d’un bêta.

Si une femme peut réaliser le versant « alpha couille » de l’hypergamie durant ses années de fête, puis réaliser le versant « bêta douille » de l’hypergamie après la phase de révélation, alors le schisme interne qu’elle vit durant la phase de développement devient l’écart entre ces deux versants qu’elle essaye de concilier dans l’homme avec qui elle est en couple.

Le second aspect de ce schisme est un intérêt renouvelé pour les attributs de l’alpha, soit chez l’homme avec qui elle est en couple, soit chez les autres hommes. Ce versant du schisme est particulièrement frustrant à la fois pour les alphas et pour les bêtas en couple avec une femme qui en fait l’expérience.

Faites avec…

Plus un alpha réalise sa Valeur sur le Marché Sexuel potentielle — en gardant (ou en améliorant) son allure, sa carrière, sa maturité, sa prospérité, son statut, etc. — plus le besoin de sécurité durable d’une femme est menacé puisque sa VMS décline en comparaison. La réponse logique d’une femme à cette nouvelle forme d’anxiété de compétition se manifeste habituellement de deux manières.

La première est une intense motivation de domination et de contrôle de sa relation en se plaçant dans le rôle dominant. Elle assume (ou tente d’assumer) la direction du mariage ou de la relation par conviction pratique ou à partir du sentiment créé par elle-même de la non-fiabilité de son mari (de tout les hommes, en fait), renforcé par les conventions sociales qui insistent que les femmes doivent être le chef de famille (par exemple : « C’est elle la patronne, hé hé… »). L’insécurité de sa VMS comparée se manifeste dans son exigence qu’il « fasse ce qu’il doit faire » et limite, lui, sa propre VMS potentielle au nom de son important rôle d’approvisionneur consciencieux de sa femme (et de leur famille).

Bien sûr, le problème avec cela est que l’homme acquiesçant à tant de dominance perd non seulement sa capacité à maximiser sa VMS potentielle, mais confirme aussi à sa femme que son statut n’est pas aussi alpha qu’il le croit. Cette déchéance jouera un rôle significatif dans la phase de redéveloppement de sa femme.

La seconde réponse logique est l’apathie et le ressentiment. Une déconnexion avec son partenaire au sommet de sa VMS peut sembler être pour la femme une résignation à sa VMS non-compétitive fatidique, mais cela sert le même but que l’insistance d’une femme à dominer la relation — une assurance de sécurité et d’approvisionnement continuels comme résultat de la limitation de la VMS potentielle de l’homme. Cette apathie est, à dessein, couplée avec la culpabilisation de son compagnon, plus focalisé sur son propre développement que sur l’importance qu’il devrait accorder à sa femme et à sa famille. Le résultat est un homme tournant en rond pour satisfaire l’insécurité passive de celle-ci et échouant aux interropiéges.

Dans les deux cas, les graines du déclin d’un homme s’enracinent dans son incapacité à identifier ce schisme en relation avec sa VMS potentielle en même temps que celle-ci affecte sa compagne. Le problème avec le schisme est que malgré toutes les limitations qu’une femme mettra en place contre la réalisation de la VMS potentielle de son homme, ces mêmes limitations constitueront aussi une part significative de la justification de son insatisfaction envers lui durant la phase de redéveloppement

Chronologie de l'hypergamie entre 31 et 50 ans

Redéveloppement / Réassurance

La phase de redéveloppement peut être soit une phase de tourmente relationnelle, soit le moment où une femme réconcilie son équilibre hypergame avec son compagnon.

Le versant sécurité de cet équilibre hypergame est établi pour sa satisfaction à long terme, et l’intérêt renouvelé pour l’alpha commence à s’effilocher devant la certitude omniprésente de cette sécurité. Garder à l’esprit que la source de cette certitude ne vient pas nécessairement d’un approvisionneur masculin. Beaucoup d’éventualités doivent être prises en compte. Cela peut provenir de la capacité d’une femme jamais mariée à s’approvisionner elle-même, du soutien financier tiré d’ex-maris, des pères de ses enfants, des subventions gouvernementales, de l’argent de sa famille, ou de n’importe quelle combinaison de tout cela.

En tout cas, bien que la sécurité puisse toujours être une préoccupation importante, cette même sécurité peut devenir étouffante quand elle contemple rétrospectivement l’excitation qu’elle éprouvait avec d’ancien amants, à présent alphas contextuels, ou peut-être avec « l’homme que son mari était autrefois ».

Dalrock a longuement et très bien couvert le sujet des femmes entrant dans la phase Mange, Prie, Aime [NdT : Eat, Pray, Love, autobiographie romancée d’Elisabeth Gilbert] en inventant l’expression : « Elle était malheureeeuuuse… » C’est le cri de justification des femmes entrant dans la phase de redéveloppement.

Selon le moment où elle a consolidé une monogamie à long terme, ses enfants sont parvenus à un âge d’indépendance ou presque. Cela peut même être le stade du « nid vide » que je décrivais dans le dernier billet. Mais il y a une réévaluation fondamentale de l’homme avec qui elle est en couple et si la Valeur sur le Marché Sexuel potentielle de celui-ci, à présent réalisée, s’est avérée un bon ou un mauvais pari, voire un faux-pas désastreux. Et comme dans les diverses phases précédentes de sa maturation, elle trouve de commodes conventions sociales déjà pré-établies pour l’aider à justifier les décisions qu’elle prendra en conséquence de cette réévaluation.

Les arrangements coopératifs pour l’élevage des enfants, qui nécessitaient un désir de sécurité, décroissent graduellement en importance, laissant la place à une nouvelle urgence — se mettre en couple avec quelqu’un « avec qui elle se sente vraiment connectée » avant que sa VMS et son apparence (imaginaire ou autre) soient entièrement dépensées sur l’approvisionneur masculin avec lequel elle exècre désormais de rester dans l’avenir. C’est le tournant où la plupart des hommes bêtas, plaçant leurs espoirs dans la fausse notion d’investissement relationnel, se retrouve du côté pointu de l’hypergamie dont ils s’étaient cognitivement dissociés durant toute leur vie.

Tout n’est pas perdu cependant. Selon le degré de conscience de soi et de réalisme d’une femme aux derniers stades de sa VMS, sa décision peut être simplement pragmatique — elle comprend qu’elle est avec l’homme qui peut à présent incarner le mieux un équilibre hypergame pour elle à long terme — ou bien elle a authentiquement de l’amour et des affinités à long terme (selon la définition féminine) avec son compagnon, qui finalement « la comprend ». D’autres considérations entrent en jeu : il est entièrement possible que le sommet de la VMS de son homme se prolonge plus longtemps que la réévaluation qu’elle fait de lui ; les convictions religieuses peuvent jouer un rôle (parfois bien pratique) dans sa réévaluation ; ou elle peut évaluer avec réalisme le déclin de sa propre VMS jusqu’au point où rester avec son approvisionneur est la seule option tenable.

Il y a une tendance intéressante dans les schémas de divorce des baby boomers qui se corrèle fortement avec la phase de redéveloppement/réévaluation que j’ai décrite ici — cela s’appelle le « divorce gris » :

Les Américains de plus de 50 ans sont deux fois plus susceptibles de divorcer que les gens de cet âge il y a 20 ans. Jim Campbell, 55 ans, de Boulder dans le Colorado, dit que lui et sa femme ont pris des chemins séparés après 34 ans ensemble. « La meilleure chose que nous avions en commun mon ex-femme et moi, c’était d’élever les gamins. », dit Campbell. Lorsque leurs deux fils ont grandi, dit-il, « Nous n’avions pas assez d’activités, de passions, d’intérêts en commun. Et quand les garçons sont partis, c’est juste devenu de plus en plus évident — pour moi. »

Ina Jaffe, « Older Americans’ Breakups Are Causing A ‘Graying’ Divorce Trend », NPR, 2014

Comme d’habitude dans les médias féminisés, l’attention est mise sur les hommes qui divorcent de leur femme, mais statistiquement ce sont les femmes qui initient 70 % des divorces. Il est important d’avoir cela à l’esprit quand on considère l’impulsion psychologique de la phase de redéveloppement des femmes. En dépit de cette omission, les statistiques du « divorce gris » s’emboîtent joliment avec cette réévaluation de deuxième partie de vie.

Pour être juste, une femme peut aussi se trouver forcée à passer par ce redéveloppement en conséquence d’un homme ayant atteint le sommet de sa VMS et rendu activement conscient de la façon dont l’hypergamie avait influencé ses décisions. Il y a une minorité d’hommes qui prennent la pilule rouge [NdT : la compréhension des relations entre les sexes] et sortent d’un mariage dont ils s’étaient contentés, ou bien ils peuvent vouloir se redévelopper eux-mêmes, pour les mêmes raisons que les femmes réévaluent et capitalisent sur leur propre VMS.

Indépendamment de la façon dont elle y vient, rien n’est plus intimidant pour une femme que de revenir sur le marché sexuel avec un si sévère désavantage. Après le Mur [NdT : la baisse de la désirabilité féminine en milieu de trentaine], les femmes craignent de devoir repartir sur un marché sexuel où elles sont largement surclassées, si bien que même la plus petite déviation du scénario « la sécurité pour toujours » devient une menace majeure pour l’égo. Si cette sécurité est plus ou moins assurée, il y a des conventions sociales féminines prêtes à rendre la perspective plus digeste. « 40 ans, c’est le nouveau 30 ans », « Vous le valez toujours », et bien sûr la marque « femme forte et indépendante » offre toujours son plan « cougar ».

Selon la VMS relative d’une femme (c’est-à-dire : parmi les femmes de sa génération), elle peut user de ces conventions avec plus ou moins de succès, mais cette réinvention des années de fête d’une femme souffre toujours du besoin de rétablir un semblant de sécurité après un temps. Il est sans doute « excitant » d’apprendre à manœuvrer sur un nouveau marché sexuel, mais le désir sous-jacent est toujours celui de la sécurité.

La phase de sécurité tardive

Finalement nous avons fait un tour complet et nous sommes revenus, bien qu’avec une nouvelle interprétation, à la même sécurité qu’une femme cherche après sa phase de révélation. Durant cette phase de sécurité tardive — qui peut commencer en fin de quarantaine, de cinquantaine ou au-delà — en conséquence du déclin inévitable de sa Valeur sur le Marché Sexuel, le versant sécurité de l’hypergamie d’une femme trouve sa position finale et permanente. Il est important de faire cette distinction que la sécurité n’est pas nécessairement fondée sur l’approvisionnement financier, mais peut l’être plutôt sur la dépendance émotionnelle, intime, de la femme envers un homme acceptablement masculin — souvent en dépit d’un passé dont elle préfère être pardonnée en vertu de son âge et de ses expériences subjectives.

Bien qu’elle puisse éprouver un certain désir de vivre par procuration à travers les expériences de ses filles devenues grandes ou de ses amies plus jeunes passant par diverses phases elles-mêmes, son message pour elles et celui de la précaution, mais tempéré par la perception inconsciente de la façon dont l’hypergamie lui a donné un cadre dans le passé. C’est la phase durant laquelle (hypocritement) les femmes ont tendance à réécrire leur passé au bénéfice, croient-elles, des femmes plus jeunes.

En aparté, je doit souligner qu’avec l’avènement de l’internet et la permanence de toutes les choses digitales, cela devient de plus en plus difficile pour les femmes d’âge mûr.

C’est la phase durant laquelle une femme ne désire pas seulement être assurée de l’acceptation de ce qu’elle est par un homme adéquat, mais c’est aussi la phase où elle tente de créer un paradigme social sûr pour elle-même. Il est certain que ce désir est fermement inscrit dans l’égocentrisme inné d’une femme, mais son désir de sécurité s’étend au-delà de l’assurance de sa sécurité personnelle, au sexe féminin dans son ensemble.

Une femme dans cette phase peut se préoccuper de l’avenir de ses filles — et de ses fils qui entreront en contact avec des femmes suivant le même paradigme hypergame qu’elle avait utilisé sur leur père — mais sa préoccupation est verbalisée pour la société et les femmes dans leur ensemble. Cette préoccupation sociale est rarement un aveux ou un témoignage de ses propres regrets, mais plutôt quelque chose dont elle doit s’occuper pour réconcilier les morceaux de son passé et les résultats indéniables de son hypergamie auxquels elle ne peut échapper.

Quand la ménopause s’ensuit, ce besoin rétrospectif devient encore plus urgent.

Conclusion

Je comprend que cette série de billets ne résoudra probablement pas les questions personnelles et particulières comme le souhaiteraient certains lecteurs, mais c’est à cela que servent les fils de discussion. Comme je l’ai énoncé en commençant cette série, je pourrais probablement écrire un livre entier sur ce processus — je le ferai peut-être un jour.

Je comprends aussi que tout en fournissant une esquisse, elle ne traite pas en profondeur de comment un homme peut utiliser cette connaissance à son avantage avec une femme en particulier. Cependant, mon espoir est que cela rendra plus compréhensible dans votre expérience individuelle certaines attitudes et certains états d’esprit que vous trouvez chez les femmes. Ce n’est en aucune façon complet ou supposé rendre compte des circonstances de chaque femme, mais c’est une aide pour comprendre à quoi l’on peut s’attendre à diverses phases.

C’est un traitement préventif, ce n’est pas un remède pour une maladie en particulier.

Merci d’avoir suivi.

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