Quelles discriminations à l’embauche selon le sexe ?

Afin de comprendre pourquoi «  les inégalités entre les femmes et les hommes sur le marché du travail sont à la fois marquées et persistantes », la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques du Ministère du travail a publié en 2021 une grande étude « par correspondance » débusquant statistiquement les discriminations. Il s’agissait de répondre à des offres d’emploi par des candidatures fictives des deux sexes, équivalentes en qualification et convenablement touillées au hasard, puis de compter qui était recontacté par les employeurs. Au total 4.800 candidatures imaginaires dans 11 catégories de métiers, ce qui en fait sans doute l’étude la plus complète produite en France sur ce sujet.

Premier constat : le taux de retour global est d’un tiers (les deux autres tiers restent sans réponse ou, plus rarement, reçoivent un refus explicite). Si vous êtes en train de candidater, dites-vous qu’en dessous d’un tiers de réponses des recruteurs votre profil n’est sans doute pas très alléchant, ou bien il y a abondance de candidats et vous feriez mieux de considérer un autre genre de boulot.

Deuxième constat : le taux de retour est le même pour les femmes que pour les hommes. Idem des refus explicites et du silence glacial, à quelques pouièmes près. Aucune discrimination. Rien. Nada. Que dalle. Embarras à la DARÉS :

Il apparaît d’abord que les femmes ne sont pas davantage discriminées à l’embauche dans les métiers où la proportion d’hommes est importante et pour lesquels les stéréotypes de genre auraient pu jouer en leur défaveur. Plus généralement, les différences de taux de rappel entre femmes et hommes varient peu avec le niveau de féminisation des métiers. De façon similaire, on ne détecte pas d’effet très net des difficultés de recrutement au sein d’un métier (la « tension » du métier) ou encore de l’origine sociale que pourrait suggérer le prénom du candidat sur les différences de rappel entre femmes et hommes : les différences de taux de rappel observées ne sont jamais significativement différentes de 0 du point de vue statistique.

« Discrimination à l’embauche selon le sexe : les enseignements d’un testing de grande ampleur », DARÉS, 2021

Troisième constat : la situation familiale des candidates n’induit pas non plus de discrimination.

De façon assez surprenante […] l’ajout d’indications maritales ou même de périodes d’inactivité sur les CV a en moyenne peu d’effet sur les chances d’être contacté par un recruteur potentiel. En effet, les taux de rappel des candidats sont sensiblement équivalents quel que soit le signal introduit, variant de 29,7% pour les inactifs ou inactives, en couple avec deux enfants à 35,6% pour les célibataires avec deux enfants. Ces taux de rappel sont tous assez proches du taux de 32,7 % obtenu pour les candidatures qui n’incluent aucun signal. En outre, les petites différences de taux de rappel observées ne sont pas statistiquement significatives.

Ibid.

En revanche, les interruptions d’activité et les informations personnelles font légèrement baisser le taux de rappel des candidats jeunes (des deux sexes). Le conseil souvent donné de mettre sur son CV davantage que ses diplômes et expériences professionnelles est donc un mauvais conseil. Et si vous avez pris une année sabbatique, aussi intéressante, aventureuse et active fut-elle : mentez !

Mais attendez, la DARÉS vient de trouver une discrimination ! Jugez-en :

Si les femmes ne sont pas discriminées en moyenne, elles apparaissent donc favorisées lorsqu’elles sont qualifiées et candidatent à des métiers avec fonction d’encadrement, et défavorisées lorsqu’elles sont peu qualifiées et candidatent à des métiers peu qualifiés. Il est même possible d’aller plus loin en remarquant que ce contraste entre métiers qualifiés et peu qualifiés est largement tiré par les métiers les plus masculinisés : parmi ces métiers, la discrimination à l’embauche en raison du sexe s’inverse littéralement lorsque le niveau de qualification requis augmente.

Ibid.

Ah, vous voilà bien attrapés, les masculinistes ! Les femmes sont « défavorisées » quand elles candidatent à des boulots de merde : on y embauche plus volontiers des hommes. Odieux privilège patriarcal ! Heureusement que c’est l’inverse dans les postes d’encadrement, hein ? Quatrième constat : les femmes bénéficient d’une discrimination contre les hommes dans les emplois qualifiés.

Récapitulons ce que nous savons désormais des différences de situation éducatives et économiques entre les deux sexes :

Tout cela est normal : le sexe féminin étant vulnérable et accaparé par la gestation et les enfants en bas âge, une société humaine doit, pour perdurer, opérer un transfert d’approvisionnement et de protection des hommes vers les femmes. Cependant, ce transfert doit également s’accompagner de contreparties : la possibilité pour le plus grand nombre d’hommes d’avoir une descendance, et la reconnaissance, dans le discours collectif et dans la vie privée, de leur contribution supérieure à la satisfaction des besoins de leur famille et de la société toute entière. Le Respect, tout simplement. C’est cela que nous avons perdu, par naïveté, et nous en sommes fautifs.

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