Les Effrontées du mois d’août 2022 : Diane et Diane

— Comment ose-t-elle ? Vous l’avez entendue comme moi ?

— Nous l’avons entendue, maîtresse.

— Me dire cela, à moi, avec son petit air d’innocence.

— C’est horrible maîtresse !

— Quelle vermine !

— Elle est dégoûtante, répugnante !

— Je me sens discriminée, violentée, violée…

— Ô Diane, chère maîtresse, ne pleurez pas, nous sommes toutes solidaires.

— Salie, souillée, niée dans ma féminité Quelle infâme petite salope ! Je lui casserai son petit minois à coups de poing et je lui crèverai son ventre et son utérus chéri avec mes talons.

— Comme vous avez raison maîtresse, c’est une TERF. Une sale transphobe aigrie au service de l’oppression masculiniste. Nous ne lui parlerons plus jamais.

— Je voudrais pleurer. Ça me pique les yeux mais ça ne vient pas.

— Ô grande chasseresse, ne pleurez pas ! Nous savons toutes que vous êtes la féminité par excellence. En transitionnant, vous avez mérité d’être une femme bien plus que nous qui n’avons rien fait pour cela.

— J’ai toujours eu cela en moi. Et je serai enceint si je le veux.

— Bien sûr ! D’ailleurs votre énergie féminine à été libérée quand la transition vous a permis d’échapper aux injonctions essentialistes. Après tant d’années à lutter contre une identité de genre qui n’était pas la vôtre et à perdre dans les combats masculins, vous êtes devenue immédiatement la championne incontestée de toute la lutte féminine gréco-romaine ! Cela prouve bien le poids des préjugés.

— Vous êtes adorables, les filles, vous me consolez bien. Mais si je la recroise, je la broie et je la pulvérise, cette demi-portion.

Diane, par Jules Joseph Lefebvre, 1879

Ô Jupiter, qu’ai-je fait ? Pourquoi m’ont-elles rejetées ? Je suis l’amie de toutes les femmes, même celles nées dans un corps d’homme, mais comment nier qu’il subsistera toujours une différence entre les unes et les autres ? Suis-je folle de rappeler ce qui me semble l’évidence ? Qu’y a-t-il de plus certain que la fonction du corps féminin de porter les enfants et celle du corps masculin de porter sa semence ?

J’aurais dû le changer en cerf, comme l’autre… Comment ai-je pu accepter qu’il se mêle à mes nymphes et se pare de mes vertus ? Usurpe mon nom et me chasse ? Sommes nous toutes devenues folles ? Où sont passés Jupiter, Mars, Mercure et les autres dieux virils ? Pourquoi ne répondent-ils pas à mon appel ?

Illustrations : Diane surprise et Diane, par Jules Joseph Lefebvre, 1879

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